Le premier film de zombies

Il a bien fallu commencer un jour à parler de cet état qui se situe entre la vie et la mort. Un état qui nous effraie car il nous rapproche de cet inconnu véritable qui est la mort. Passerelle entre deux mondes, le zombie a parcouru beaucoup de chemin avant d’arriver en 2015.

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Les morts-vivants

C’est en 1932 que Victor Halperin, réalisateur, scénariste et producteur américain, crée Les morts-vivants (White zombie). C’est l’histoire d’un jeune couple BCBG, Neil Parker et Madeleine Short, qui vient se marier en Haïti sur l’invitation d’un illustre inconnu rencontré par Madeleine le temps d’une traversée en bateau. Comblé par l’inconnu, Neil se voit offrir un poste aux États-Unis. Le but de la manœuvre, pour le bel inconnu nommé Charles Beaumont, est de voler l’amour de la jeune Madeleine. Pour cela, il est prêt à tout. Tenter de dissuader la future épouse en la conduisant à son promis, et même accepter que le maître vaudou, Legendre, la plonge dans cet état entre la vie et la mort. Après quelques temps de mort déclarée, son ex futur époux devrait l’oublier et Beaumont l’épouser, non ?

 

Des scènes troublantes mais dénuées de violence

Le zombie n’est autre qu’un esclave de celui qui le maintient entre la vie et la mort. En témoigne la troupe de morts-vivants aux ordres de Legendre. Ses zombies n’existent que pour travailler au grain, moudre nuit et jour. En découlent des scènes cocasses comme le zombie qui ne maîtrise pas la coordination entre la marche et le fait de vider le panier qu’il transporte sur sa tête. Le voilà qui chute dans le moulin manuel et qui se fait broyer (sans images, bien sûr, l’idée suffit) par ses congénères impassibles.
Legendre, maître vaudou, a des airs de conquistador Luciférien, aux yeux inquiétants. Les zombis, aux yeux hagards, sont dépourvus d’initiative.
Le zombie est ensorcelé, réduit à néant par celui qui a invoqué les esprits contre lui.

 

Comment en sommes-nous arrivés là où nous en sommes aujourd’hui ?

Il a tout de même fallu que le genre se rode pour que nous puissions en arriver au film de zombies que nous connaissons aujourd’hui. C’est Roméro, en 1968, qui a fait évoluer le genre, avec La nuit des morts vivants, offrant au zombie toute sa dimension effrayante et dangereuse. Le zombie en veut enfin au vivant, ce qui jusqu’àlors n’était pas le cas.
Tout était pourtant là, en substance, chez Halperin. La démarche chancelante du zombie, son œil vide, et son absence “d’âme”, comme le dit si bien Legendre. En substance, on sent la possible violence des zombies, lorsque Legendre déclare que s’ils retrouvaient leur âme, il les réduirait en miettes, mais cela n’est qu’une évocation, une porte ouverte à un genre aboutit par la suite.